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samedi 29 septembre 2018

Les rayures du tigre, à quoi ça sert ?

Afin d'identifier les individus, comparer le dessin des rayures des tigres est un exercice parfois compliqué. Avoir la capacité de mémoriser ces dessins avec la complexité de leurs formes est beaucoup, beaucoup plus problématique. Quand ces rayures se rapportent à des animaux vus parfois uniquement en photo, on touche les sommets ✋😄

(visualisée dans cette couleur) Nous publions une mise à jour  de l'article sur les rayures du tigre paru en mars 2018 sur le blog "Tigres et Nature" afin de présenter de nouveaux exemples des similitudes troublantes constatées entre ascendants et descendants qui peuvent aider à reconstituer les lignées de tigres et leurs histoires.

 
Les rayures du tigre, pour quoi faire ?
RTR mars 2017 – T74 Teddy Bear © VD

RTR mars 2017 – T74 Teddy Bear © VD
Dans l’imaginaire collectif, les rayures du tigre en font l’insaisissable seigneur de la jungle, avançant camouflé, à l’abri de cette « robe » se confondant aux nuances de feuillages et branchages, pour se tapir dans les herbes hautes avant de bondir sur sa proie.

Ame véritable des forêts indiennes selon la célèbre formule de Valmik Taphar, ses rayures associées à ses yeux incarnent sa grâce et sa beauté « magnétique » qui ont fait de tout temps battre le cœur des hommes dans un sentiment mêlé d’exaltation extrême et de crainte irraisonnée.

Dans une vision moins contemplative, tirant parti des dessins uniques dont se pare chaque individu, les naturalistes et scientifiques s’appuient désormais, pour effectuer les recensements des populations, sur les données collectées par les pièges photographiques Blog Pierre Chéron ainsi que sur le traitement des images par des logiciels d’analyse et de comparaison des rayures, notamment celles présentes sur les flancs des différents spécimens.

Ces motifs spécifiques symbolisent la singularité de chaque individu à travers un ADN qui lui est propre.

Pour une espèce menacée comme le tigre, les informations permettant une identification claire de tous les spécimens sont primordiales pour mieux comprendre les comportements territoriaux des tigres.

Elles complètent efficacement les données collectées via le « monitoring » assuré par la pose de colliers émetteurs sur un petit nombre d’individus.

Parallèlement à la démarche de prélèvements d’échantillons pour analyser l’ADN des tigres, la constitution d’une base de données quasi exhaustive grâce aux rayures doit permettre de conforter les choix stratégiques réalisés par le "Forest Département lors de la préparation des opérations délicates de relocalisation.

En effet, avant d’en arriver à des échanges naturels via la restauration des corridors, le "Forest Department" et le NTCA Blog Pierre Chéron ("National Tiger Conservation Authority") sont entrés dans une étape de rationalisation des transferts, aidés par les scientifiques du "Wildlife Institut of India" et les naturalistes des différentes réserves.

Revivifier le génome appauvri des tigres en créant de bonnes conditions de brassage génétique passe par la connaissance des individus et de leur ascendance. C’est pour cette raison qu’il est intéressant d’archiver les données au fur et à mesure et d’établir des « arbres généalogiques » lorsque cela est possible.

Les rayures pour aider à identifier la paternité d’une portée ?

De manière plus triviale et ludique, les rayures peuvent servir des desseins quelque peu inattendus.

Ainsi, les naturalistes et autres passionnés des félins observables à l’état naturel sont constamment en quête d’informations sur l’évolution des familles de tigres.

Les rayures constituent alors des indices permettant d’identifier tel ou tel individu observé et de le repérer rapidement. Celles de la tête et plus particulièrement celles situées au dessus des yeux sont facilement distinguables et aucun tigre ne dispose des mêmes motifs que son congénère.

Or, si la maternité des tigres ne laisse guère place au doute dans la mesure où la mère s’occupe de sa progéniture sans interruption pendant presque deux ans, la paternité des portées peut s’avérer quant à elle beaucoup plus compliquée à établir.

En effet, le seul fait qu’une tigresse avec des petits réside sur le territoire d’un tigre male dominant ne signifie pas automatiquement que ce dernier en est le géniteur. Afin de protéger leurs futurs petits Blog Pierre Chéron et pour s’adapter aux réalités des luttes de territoire fratricides opposant les mâles, les tigresses font preuve de pragmatisme et peuvent brouiller les pistes en s’accouplant avec plusieurs d’entre eux…lorsque le dominant finit par chasser les autres de son territoire, il est alors persuadé d’être le père de la portée à naître.

C’est dans ces conditions que l’observation des rayures peut fournir des indications précieuses sur les liens de filiation entre individus bien que ne résultant pas d’une approche scientifique qui présente l’avantage d’être irréfutable.

Ainsi, on constate des similitudes troublantes entre les rayures au dessus de l’œil droit de la « légende » du parc de Kanha, Munna, et celles de son fils Chota Munna (ou Link 7)…difficile de ne pas y voir l’expression d’une transmission génétique comme celle que nous constatons tous les jours dans les traits du visage communs aux membres d’une même famille chez les humain
s.


Bien d’autres exemples ont été observés entre ascendants et descendants partout à travers l’Inde et on peut notamment citer : Umarpani femelle et Umarpani male à Kanha, Noor et Sultan ainsi que les trois filles de sa dernière protée à Ranthambore...

Evidemment il ne s’agit pas d’un constat systématique mais parfois ces similitudes peuvent conduire sur la piste d’un tigre mâle lorsque l’on émet des conjectures quant à la paternité de tel ou tel autre mâle.

C’est le cas actuellement à Ranthambore pour la dernière portée de la tigresse T19 (Krishna) qui régna longtemps sur la région des lacs et qui fut contrainte par une de ses filles à se retirer dans un territoire assez reculé, en « mal » de dominance. Blog Pierre Chéron Il s’agit de la zone 4 du parc où un mâle, T74 (Teddy Bear), est parfois observé à l’instar d’autres prétendants.

Nous sommes en avril 2018 et ça y est les guides et naturalistes du parc ont rendu leur verdict sur l’identité du géniteur des petits de la nouvelle portée de Krishna …il s'agit bien de Teddy Bear (T74), le fils de l'illustre Zaalim (T25) et de la reine trop vite disparue Sundari (T17).



Suite à nos aventures dans le parc de Kanha, nous avons eu l'occasion d'observer un des fils de la tigresse T33 Mahaveer ou Mahabir, identifié sous le code MV2 ou MB2 et âgé de moins de 3 ans. Le mâle dominant de la zone, Umarpani (T30), à la mort de Kingfisher en 2016, ne s'est pas attaqué à la progéniture de Mahaveer en dépit des craintes des observateurs et naturalistes. Cela pouvait laisser penser que les 4 frères (deux males - MV1 & MV2) et sœurs (deux femelles - MV3 & MV4) avaient bien pour père Umarpani bien que Mahaveer ait été vu à plusieurs reprises s'accouplant avec Kingfisher en 2015.
En réalité, il n'en est rien et Kingfisher, assuré désormais de voire ses gènes arpentés fièrement les forêts de sals de Kanha, est bien le géniteur comme en témoignent les rayures dessinant les contours du célèbre oiseau, au dessus des yeux du père et du fils.  



























Dans la réserve de Tadoba Andhra cette fois, c'est la célèbre tigresse Maya qui a légué à un des rejetons de sa dernière portée des dessins en forme "d'éclairs" tandis que les motifs des rayures au dessus des yeux présentent de troublantes ressemblances entre Matkasur et un fils de la portée de Chhoti Tara surnommé Chhota Matkasur. 

Photo de droite © Mihir Mahajan

TADOBA ANHARI TR - photo de droite © Priyadarshan Gajbhiye
Textes et photos Vincent Dabadie
© Blog Pierre Chéron - L335-3 du Code de la propriété intellectuelle

samedi 22 septembre 2018

Leopards Diaries 2018 - Episode III


 COMPORTEMENTS COURANTS 
OBSERVATIONS EXCEPTIONNELLES 


JLR - Juliet et Cleopatra - 05/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron

Le léopard et les paons


L'on se prend à imaginer que la présence d'une proie enclenche un processus de chasse chez tout prédateur. Pourtant, il faut savoir que celui-ci évalue avant tout deux choses: les risques pour son intégrité et ses chances de réussite. 

Le cas observé ci-dessous est certes surprenant mais fréquent. J'ai eu l'occasion de l'observer à Bera, à Ranthambore et ici dans la forêt de Jalhana. 

JLR - Juliet - 05/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron
Le paon est une proie du léopard, mais lorsque les paons sont nombreux, le léopard ne s'y attaque pas. Sûrement qu'il a la certitude d'échouer. Mais l'on assiste alors à un surprenant manège où les volatiles batifolent devant le félin dans une totale indifférence.


Dans la scène qui suit, nous avons la chance de voir un groupe de 3 paons qui poussent le léopard à fuir. Cette technique de harcèlement à plusieurs porte ses fruits, et le léopard laisse le terrain aux volatiles en quittant les lieux d'un pas vif.  


JLR - Juliet - 05/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron

Il faut remarquer toutefois que le félin saisira une opportunité quelques minutes plus tard, en essayant d'attraper un écureuil. Je pense qu'il s'agissait d'une technique de maraude de la part du léopard qui lui fait quitter un territoire sans possibilité d'attraper du gibier, mais sans renoncer à son but initial.

Le refuge du léopard


Dans le contexte des safaris, il peut parfois apparaître troublant pour les amoureux des animaux que l'on suive avec insistance un félin dans l'espoir des meilleures prises de vue, "notre raison" nous abandonnant subitement. Mais que l'on se rassure, l'animal est malin et il sait nous distancer quand il le désire. Cette jeune femelle nous avait offert de multiples "situations" mais nous en voulions toujours plus. Le meilleur placement, une pose gracieuse de plus, ... 


JLR - Juliet - 05/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron
La beauté profite d'un arrêt de la jeep: elle s'élance, coupe la piste et saute vers une clôture qui constitue la seule enceinte à l'intérieur de la forêt. Celle, désaffectée, du poste du garde forestier...
JLR - Juliet - 05/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron




















L'on assista alors à une scène cocasse où le léopard observait la vie alentour à l'abri de nos regards inquisiteurs, le temps nécessaire pour que les jeeps se lassent et s'en aillent. Ce n'est que lorsque tout le monde fut parti (sauf la notre) que le félin fit le chemin inverse avec un gracieux bond d'une hauteur de 3m. Hop sur le grillage et puis... la suite sera fantastique !!!



JLR - Juliet - 05/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron


Le combat de léopards


Dans la vie d'un photographe animalier, assister à une telle scène est très rare. Pour moi, c'est la 1ère fois dans de telles conditions: un combat de léopards. En 30 ans de photos animalières en terres africaines ou indiennes, inutile de dire qu'il ne faut pas rater les clichés, il ne me sera sûrement plus donné de refaire une telle observation.

Nous avions donc suivi Cleopatra. Toutes ces "émotions " lui avaient peut être donné soif, toujours est-il qu'elle rejoignit un point d'eau non loin de là. Nous n'étions que 3 jeeps ce qui fit que cela nous procura un emplacement de choix. Il était 18 h et la lumière commençait à décliner mais elle restait suffisante pour réaliser de belles prises de vue. 

Pendant 30mn, en quête du meilleur cliché, nous photographions sans relâche la jeune beauté qui boit et longe la marre pour trouver des herbes afin de se purger. Puis elle se met à remonter et semble soucieuse. 

C'est à 18h30 qu'apparaît la raison de ce trouble. Une autre femelle léopard apparaît. Nous sentons de l'électricité dans l'air. 

Après une rapide évaluation du rapport de force, les 2 léopards se lancent dans un combat épique. D'abord des coups, dressés debout sur les pattes arrières, puis 2 charges fulgurantes dans un tourbillon de poussière et de rugissements à terre. Le total de ces assauts très violents a duré une dizaine de secondes, mais je peux vous garantir que nous sommes restés sans voix, le temps suspendu à ces instants de grâce. On a du mal à imaginer avant de l'avoir vécu que quelques secondes suffisent à déclencher de telles émotions rares et précieuses : sans l'ombre d'un doute,



Une scène à couper le souffle !!! 










Au terme du combat, l'une avait établi sa dominance.

Elles allèrent ensuite au point d'eau pour se désaltérer. La lutte donne soif ! A les voir ainsi à quelques mètres l'une de l'autre, on a peine à croire que quelques instants plus tôt une lutte farouche les a opposées...au contraire, nous attendions avec anxiété la reprise des hostilités mais au final plus besoin pour elles de se battre, car leurs règles de partage avaient été établies. La lumière faiblissant annonçait la nuit et l'une d'elles partit.

A notre tour l'heure était venue de quitter ce lieu béni.

JLR - Juliet et Cleopatra - 05/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron

Il faut remarquer que ces espaces confinés induisent d'âpres luttes territoriales pour les ressources limitées dans un parc qui fait 35 km² et compte près de 30 léopards résidents !

* Ici je tiens à remercier chaleureusement mon guide Lucky Kokhar, qui nous a fait un travail de recherche excellent. Vu son jeune âge, il a devant lui une très prometteuse carrière de pisteur.

*  Pour mon 3ème livre à paraître, j'ai gardé les meilleures photos de ce combat et je ne les ai donc pas mises dans cette sélection. Priorité aux livres !!



Textes et photos Pierre Chéron
© Blog Pierre Chéron - L335-3 du Code de la propriété intellectuelle


mercredi 12 septembre 2018

Leopards Diaries 2018 - Episode II

 LE PRINCE DES FORETS SUBURBAINES DE JAIPUR 


Peinture murale à l'entrée du sanctuaire © VD

Nous partons ce matin pour notre troisième et dernier safari après avoir vécu la veille d'intenses émotions. Pas moins de trois léopards différents en effet et quatre observations durant le même safari...le matin nous avions eu la chance de suivre une hyène striée pendant une vingtaine de minutes après avoir entr'aperçu un léopard semblant revenir de bon matin d'une sortie en ville à la recherche de quelques chiens errants !

Hyène en patrouille de bon matin à la recherche de nourriture © VD

Ce sanctuaire tient vraiment toutes ses promesses et on sent l'enthousiasme débordant qui anime le groupe de passionnés qui a convaincu les autorités de miser sur le développement de cette forêt classée située aux portes de Jaipur. Des jeeps comparables à celles proposées pour parcourir les pistes de la réserve de tigres de Ranthambhore attendent les visiteurs pour leur faire découvrir la vie de ces "léopards des villes". Le mur d'enceinte décoré avec talent par des artistes locaux à l'instar de la gare de Sawai Madhopur donne un avant-goût des situations auxquelles il nous sera donné d'assister.


Les sanctuaires de Léopards dans le Rajasthan ont un bel avenir devant eux s'ils
suivent cet exemple remarquable et les conditions d'observation exceptionnelles ne peuvent qu'encourager les photographes et touristes amoureux de la Wildlife indienne à venir y faire une étape.

Nous pénétrons dans le parc avec une idée en tête suggérée la veille par notre guide qui nous avait conduit à un endroit où gisait la carcasse d'un Nilgai mâle mort depuis moins de 24h et dont la dépouille semblait déjà partiellement "entamée"..."demain vous verrez, vous assisterez à un repas de léopard ici même !" 

Les Nilgauts ou "Nilgais" sont les plus grandes antilopes indiennes et sont parfaitement adaptées au biotope semi-aride typique des forêts des contrées d'Inde de l'ouest. On les trouve ici en grand nombre et elles figurent au menu des léopards au même titre que les paons, chitals et mangoustes. Les mâles à la belle robe gris-bleue et aux petites cornes restent habituellement seuls mais dans le sanctuaire ils sont souvent regroupés pour additionner leurs sens aiguisés et tenter de déjouer les approches des prédateurs. Il peut paraître étonnant que les léopards s'attaquent à des proies aussi imposantes, les nilgauts mâles pesant entre 200 et 300 kg ! Les femelles au pelage roux et de plus petite taille (120 à 180 kg) sont plus vulnérables avec leurs petits.

Femelle nilgaut allaitant son petit © VD

Mâle nilgaut blessé © VD
Une demi-heure plus tard alors que nous sommes à l'affût à proximité du Nilgai et que plusieurs jeeps quadrillent la zone, un magnifique jeune léopard mâle d'à peine trois ans fait irruption. Il se montre d'abord prudent et approche de la carcasse précautionneusement...

Il renifle les arbustes et vérifie qu'il est bien seul dans les parages pour profiter du festin. 
"Prince" usant de son sens olfactif très développé pour analyser la situation © VD

"Prince" faisant preuve d'autorité autour de la carcasse © VD

Ce jeune mâle a été surnommé "Prince" par les naturalistes du sanctuaire en raison certainement de son allure à la fois puissante et élégante... ses proportions sont parfaites... véritable "star" du sanctuaire, il règne désormais sur une bonne partie de la zone 2 où il commence depuis peu à s'accoupler avec plusieurs femelles dont Leela et Katrina.


Après nous avoir lancé un regard conquérant et dominateur, il peut enfin passer aux choses sérieuses et dépecer la croupe de l'animal pour en extraire les meilleure morceaux.

...une hyène striée s'approche 
© VD
"Prince" est en alerte .....© VD 
Bien que le léopard soit l'Apex prédateur en ses lieux puisqu'il ne souffre ni de la concurrence des tigres du Bengale ni de celles des lions du Gir, il demeure néanmoins sur ses gardes car les ressources sont limitées et la concurrence rude avec de nombreux autres mâles dans la fleur de l'âge.

Même si la hyène lui rend presque quarante kilos, le léopard mâle (80 à 100 kg) évite les confrontations directes avec ces charognards tenaces aux mâchoires extrêmement puissantes qui peuvent infliger des blessures mortelles. La cohabitation avec les hyènes s'avère donc difficile dans ce territoire relativement confiné (35 km²) mais après s'être décidé à reprendre son repas, "Prince" se dresse désormais fièrement devant son butin et nous gratifie d'un superbe regard de ses yeux bleus perçant à l'effet hypnotique.

Un peu de repos après le repas...
personne ne viendra contester ma suprématie ! © VD 

Une fois reput, Prince cherche un endroit tranquille pour faire sa toilette et nettoyer babines et autres parties entachées du sang de l'animal. Il se met à couvert du "bush" et semble devoir disparaître. La matinée étant bien avancée, nous décidons toutefois de rester à son contact pour profiter d'un éventuel retour du prédateur sur la carcasse du Nilgaut.

Demeurés seuls sur le "spot", c'est alors que nous allons avoir le loisir d'observer une scène rare chez les léopards d'Asie ...au lieu de prendre congés pour aller vaquer à ses occupations à l'abri de nos regards, "Prince" va prendre la piste et l'arpenter sur plusieurs centaines de mètres juste devant nous à la façon d'un tigre mâle dominant certain de sa supériorité sur son territoire.
Il semble même s'amuser avec nous et de son pas princier n'en oublie pas de nous compliquer la tache lors de nos tentatives pour obtenir le cliché parfait : totalement à découvert et baigné d'une lumière à la fois diaphane et soyeuse.

Le ventre plein, la patrouille est plus agréable ! © VD 
Qu'importe, nous sommes habités d'une joie et d'une quiétude que rien ne peut venir perturber... reconnaissant d'avoir pu partager pendant une matinée entière la vie de Prince et profiter de l'observation de ses comportements dans un habitat totalement naturel.

Pas d'intrus en vue, prenons appui sur ces gros rochers pour entamer une sieste © VD 
C'est nous qui prendrons finalement congés de Prince, rattrapés par l'heure de fermeture du sanctuaire. Un regard pour une ultime "capture rétinienne" de l'attitude étonnement décontractée de notre hôte, puis nous nous dirigeons vers la sortie tandis que le guide nous explique que ces conditions exceptionnelles sont notamment dues au petit nombre de véhicules et à cette nouvelle génération de jeunes léopards, nés dans le parc sous l'œil bienveillant des naturalistes ! 

Textes et photos Vincent Dabadie
© Blog Pierre Chéron - L335-3 du Code de la propriété intellectuelle


mercredi 5 septembre 2018

Leopards Diaries 2018 - Episode I

 UNE FORET SURPRENANTE 


Une grande ville, une petite forêt. 
Des millions d'être humains, 30 léopards.

L'on pourrait croire qu'une telle situation est impossible, voire intenable. Pourtant cela existe, et mon expérience me fait dire qu'elle durera. 


JLR - Leela - 04/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron
Il y a une dizaine d'années, je me rappelle ce marchand de tissus qui, dans son arrière boutique, m'avait parlé de cette forêt de 24 km2, "tout près", dans laquelle à époque il y avait 8 à 10 léopards... j'étais très intéressé, mais pas suffisamment volontaire pour utiliser ces renseignements. Peut être étais-je trop obsédé par les tigres ? 

Mieux vaut tard que jamais, j'y suis à présent et le nombre de léopards a grimpé: 30 individus recensés et photographiés !

Il me restera encore à visiter mes 6 autres tuyaux de "forêts à léopards" ! 😄

Prise de contact avec le parc. Nous y rentrons à 6h00 et à 15 mètres de la porte d'entrée, un léopard ! Ça commence bien !

Nous levons les yeux et un autre léopard nous observe. Faux celui-ci !

JLR - Faux léopard - 04/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron


JLR - Hyène rayée - 04/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron
Peu de temps après, avec une lumière est très pauvre, nous croisons une hyène rayée avançant à vive allure. 

Pas craintive, elle se laisse suivre à distance.

Les photos sont prisent à 25600 iso avec une vitesse lente. Elles constituent juste un "souvenir". 


Ce safari de l'après-midi nous offre une magnifique observation de Leela venant s'abreuver à un point d'eau. La lumière est parfaite. Le léopard arrive face à nous et au soleil. Prudemment elle s'avance, puis boit longuement, le temps pour nous d'admirer sa grâce et sa beauté. Les appareils photos chauffent !!! Merci à Dame Nature de nous donner de tels moments

JLR - Leela - 04/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron

En chemin nous trouvons un léopard en chasse. Il s'en prend à un paon mais celui-ci l'évite sans problèmes. Voici notre léopard en quête de nourriture.

Il observe en maraudant. Tout d'un coup, un départ fulgurant en sautant dans un arbre. Il disparaît à notre vue, puis au bout de quelques seconde il saute à terre. 

Notre guide nous dit qu'il a essayé d'attraper un écureuil. Le léopard a encore échoué. 

JLR - Juliet - 05/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron

Nous le suivons dans une partie herbeuse et il lance une nouvelle attaque. Est- ce un lapin ? une souris ? on ne le saura pas. Le léopard est décidément bredouille aujourd'hui. 


Par contre, nous qui avons pu le suivre près d'une heure, nous avons bien rempli les cartes mémoires de nos appareils photos.


JLR - Juliet - 05/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron

Mrs Khan, une femelle léopard de la forêt a un petit, mais il est très difficile de le voir car elle le cache dans un massif montagneux très broussailleux en hauteur, à l'abri de tous les dangers.

JLR - Jeune léopard - 05/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron

(La difficulté a été toujours, quelques soient les situations dans ma vie, quelque chose qui m'attire, voire me stimule. On ne se refait pas, c'est ainsi 😊) 


JLR - Jeune léopard - 05/2018
© Crédit photographique Pierre Chéron

Toujours est-il que la persévérance porte souvent ses fruits !


Un jour nous voyons enfin Mrs Khan et son petit mâle, loin sur les rochers. Dénué de toute inquiétude le bambin nous observe et se met à grimper, sauter et jouer. La scène est cocasse.

Le joyeux léopardeau fait plaisir à observer. Souvent nous sommes frustrés de voir de telles scènes dans nos jumelles mais en rêvant seulement de pouvoir les enregistrer.



Ces photos sont réalisables grâce à un long téléobjectif et une mise au point difficile à un point à travers les branches. 

Pas facile à main levée. 


J'oubliais...un peu d'expérience quand même.😏



JLR - Jeune léopard - 05/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron




Textes et photos Pierre Chéron
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samedi 1 septembre 2018

Léopards Diaries 2018 - Préambule

 DES LEOPARDS ET DES HOMMES 


JLR - 05/2018 © Crédit photographique Pierre Chéron

La cohabitation des hommes avec les animaux est une des particularités de l'Inde. Leurs croyances y sont pour beaucoup dans cette tolérance.

Pour nous autres français, dont une partie de la population n'accepte pas nos 420 loups ou bien nos 41 ours, la situation parait invraisemblable. 

Comment les indiens peuvent-ils vivre avec 2.200 tigres, 12.000 léopards, des dizaines de milliers d'ours, de hyènes, de loups, d'éléphants, de rhinocéros,...?

Les indiens qui lisent ce blog vont bien sourire à la lecture des lignes précédentes...et peut-être même seront-ils très surpris !

Depuis maintenant 15 ans, je passe 1/4 de ma vie dans ce pays, à chercher à comprendre et découvrir les lieux sauvages de ce sous-continent. A rencontrer ces indiens tellement heureux de me faire découvrir les merveilles de leur pays.

Ma quête a toujours été pour le tigre qui est pour moi le plus bel animal de la terre. Tellement majestueux, tellement mystérieux, tellement tout...

Mais il y a un autre félin qui me fascine également, c'est le léopard. 
Souvent je suis allé à Bera pour le voir en nombre. J'en ai vu également à Siana, Kanha, Tadoba, Bandhavgarh, Nagarhole, Ranthambore, Pench, Gir,...

Et mon sens de la découverte me faisait tendre l'oreille vers ces surprenantes histoires de léopards vivant à proximité directe de grandes villes comme Mumbai.
Je me souviens de ce commerçant, dans l'arrière boutique de son magasin de textiles, qui m'avait parlé de cette petite foret près de Jaipur. C'était il y a bien longtemps...
J'avais également, en 2010, fait la recherche de léopards, de nuit, avec une lampe, dans les cours intérieures ("bomas"?) des petits villages (Siana). Très étonnant ! C'est l'Inde !

Maintenant, en 2018, je refais une lecture avec des lieux étonnants qui se révèlent, et des observations qui n'ont rien à envier à tout ce que j'ai vu dans les meilleurs lieux d'Afrique.

Aussi, nous vous proposeront dès la semaine prochaine, une 1ère saison " Leopards Diaries " en trois épisodes avec photos et vidéos. 

Une 2e saison viendra ensuite début 2019 avec des photos de panthères noires et d'autres observations surprenantes du félin tacheté.

A bientôt.


JLR  - avril 2018 © Crédit photographique Pierre Chéron

Textes et photos Pierre Chéron
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