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mercredi 12 septembre 2018

Leopards Diaries 2018 - Episode II

 LE PRINCE DES FORETS SUBURBAINES DE JAIPUR 


Peinture murale à l'entrée du sanctuaire © VD

Nous partons ce matin pour notre troisième et dernier safari après avoir vécu la veille d'intenses émotions. Pas moins de trois léopards différents en effet et quatre observations durant le même safari...le matin nous avions eu la chance de suivre une hyène striée pendant une vingtaine de minutes après avoir entr'aperçu un léopard semblant revenir de bon matin d'une sortie en ville à la recherche de quelques chiens errants !

Hyène en patrouille de bon matin à la recherche de nourriture © VD

Ce sanctuaire tient vraiment toutes ses promesses et on sent l'enthousiasme débordant qui anime le groupe de passionnés qui a convaincu les autorités de miser sur le développement de cette forêt classée située aux portes de Jaipur. Des jeeps comparables à celles proposées pour parcourir les pistes de la réserve de tigres de Ranthambhore attendent les visiteurs pour leur faire découvrir la vie de ces "léopards des villes". Le mur d'enceinte décoré avec talent par des artistes locaux à l'instar de la gare de Sawai Madhopur donne un avant-goût des situations auxquelles il nous sera donné d'assister.


Les sanctuaires de Léopards dans le Rajasthan ont un bel avenir devant eux s'ils
suivent cet exemple remarquable et les conditions d'observation exceptionnelles ne peuvent qu'encourager les photographes et touristes amoureux de la Wildlife indienne à venir y faire une étape.

Nous pénétrons dans le parc avec une idée en tête suggérée la veille par notre guide qui nous avait conduit à un endroit où gisait la carcasse d'un Nilgai mâle mort depuis moins de 24h et dont la dépouille semblait déjà partiellement "entamée"..."demain vous verrez, vous assisterez à un repas de léopard ici même !" 

Les Nilgauts ou "Nilgais" sont les plus grandes antilopes indiennes et sont parfaitement adaptées au biotope semi-aride typique des forêts des contrées d'Inde de l'ouest. On les trouve ici en grand nombre et elles figurent au menu des léopards au même titre que les paons, chitals et mangoustes. Les mâles à la belle robe gris-bleue et aux petites cornes restent habituellement seuls mais dans le sanctuaire ils sont souvent regroupés pour additionner leurs sens aiguisés et tenter de déjouer les approches des prédateurs. Il peut paraître étonnant que les léopards s'attaquent à des proies aussi imposantes, les nilgauts mâles pesant entre 200 et 300 kg ! Les femelles au pelage roux et de plus petite taille (120 à 180 kg) sont plus vulnérables avec leurs petits.

Femelle nilgaut allaitant son petit © VD

Mâle nilgaut blessé © VD
Une demi-heure plus tard alors que nous sommes à l'affût à proximité du Nilgai et que plusieurs jeeps quadrillent la zone, un magnifique jeune léopard mâle d'à peine trois ans fait irruption. Il se montre d'abord prudent et approche de la carcasse précautionneusement...

Il renifle les arbustes et vérifie qu'il est bien seul dans les parages pour profiter du festin. 
"Prince" usant de son sens olfactif très développé pour analyser la situation © VD

"Prince" faisant preuve d'autorité autour de la carcasse © VD

Ce jeune mâle a été surnommé "Prince" par les naturalistes du sanctuaire en raison certainement de son allure à la fois puissante et élégante... ses proportions sont parfaites... véritable "star" du sanctuaire, il règne désormais sur une bonne partie de la zone 2 où il commence depuis peu à s'accoupler avec plusieurs femelles dont Leela et Katrina.


Après nous avoir lancé un regard conquérant et dominateur, il peut enfin passer aux choses sérieuses et dépecer la croupe de l'animal pour en extraire les meilleure morceaux.

...une hyène striée s'approche 
© VD
"Prince" est en alerte .....© VD 
Bien que le léopard soit l'Apex prédateur en ses lieux puisqu'il ne souffre ni de la concurrence des tigres du Bengale ni de celles des lions du Gir, il demeure néanmoins sur ses gardes car les ressources sont limitées et la concurrence rude avec de nombreux autres mâles dans la fleur de l'âge.

Même si la hyène lui rend presque quarante kilos, le léopard mâle (80 à 100 kg) évite les confrontations directes avec ces charognards tenaces aux mâchoires extrêmement puissantes qui peuvent infliger des blessures mortelles. La cohabitation avec les hyènes s'avère donc difficile dans ce territoire relativement confiné (35 km²) mais après s'être décidé à reprendre son repas, "Prince" se dresse désormais fièrement devant son butin et nous gratifie d'un superbe regard de ses yeux bleus perçant à l'effet hypnotique.

Un peu de repos après le repas...
personne ne viendra contester ma suprématie ! © VD 

Une fois reput, Prince cherche un endroit tranquille pour faire sa toilette et nettoyer babines et autres parties entachées du sang de l'animal. Il se met à couvert du "bush" et semble devoir disparaître. La matinée étant bien avancée, nous décidons toutefois de rester à son contact pour profiter d'un éventuel retour du prédateur sur la carcasse du Nilgaut.

Demeurés seuls sur le "spot", c'est alors que nous allons avoir le loisir d'observer une scène rare chez les léopards d'Asie ...au lieu de prendre congés pour aller vaquer à ses occupations à l'abri de nos regards, "Prince" va prendre la piste et l'arpenter sur plusieurs centaines de mètres juste devant nous à la façon d'un tigre mâle dominant certain de sa supériorité sur son territoire.
Il semble même s'amuser avec nous et de son pas princier n'en oublie pas de nous compliquer la tache lors de nos tentatives pour obtenir le cliché parfait : totalement à découvert et baigné d'une lumière à la fois diaphane et soyeuse.

Le ventre plein, la patrouille est plus agréable ! © VD 
Qu'importe, nous sommes habités d'une joie et d'une quiétude que rien ne peut venir perturber... reconnaissant d'avoir pu partager pendant une matinée entière la vie de Prince et profiter de l'observation de ses comportements dans un habitat totalement naturel.

Pas d'intrus en vue, prenons appui sur ces gros rochers pour entamer une sieste © VD 
C'est nous qui prendrons finalement congés de Prince, rattrapés par l'heure de fermeture du sanctuaire. Un regard pour une ultime "capture rétinienne" de l'attitude étonnement décontractée de notre hôte, puis nous nous dirigeons vers la sortie tandis que le guide nous explique que ces conditions exceptionnelles sont notamment dues au petit nombre de véhicules et à cette nouvelle génération de jeunes léopards, nés dans le parc sous l'œil bienveillant des naturalistes ! 

Textes et photos Vincent Dabadie
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