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samedi 29 septembre 2018

Les rayures du tigre, à quoi ça sert ?

Afin d'identifier les individus, comparer le dessin des rayures des tigres est un exercice parfois compliqué. Avoir la capacité de mémoriser ces dessins avec la complexité de leurs formes est beaucoup, beaucoup plus problématique. Quand ces rayures se rapportent à des animaux vus parfois uniquement en photo, on touche les sommets ✋😄

(visualisée dans cette couleur) Nous publions une mise à jour  de l'article sur les rayures du tigre paru en mars 2018 sur le blog "Tigres et Nature" afin de présenter de nouveaux exemples des similitudes troublantes constatées entre ascendants et descendants qui peuvent aider à reconstituer les lignées de tigres et leurs histoires.

 
Les rayures du tigre, pour quoi faire ?
RTR mars 2017 – T74 Teddy Bear © VD

RTR mars 2017 – T74 Teddy Bear © VD
Dans l’imaginaire collectif, les rayures du tigre en font l’insaisissable seigneur de la jungle, avançant camouflé, à l’abri de cette « robe » se confondant aux nuances de feuillages et branchages, pour se tapir dans les herbes hautes avant de bondir sur sa proie.

Ame véritable des forêts indiennes selon la célèbre formule de Valmik Taphar, ses rayures associées à ses yeux incarnent sa grâce et sa beauté « magnétique » qui ont fait de tout temps battre le cœur des hommes dans un sentiment mêlé d’exaltation extrême et de crainte irraisonnée.

Dans une vision moins contemplative, tirant parti des dessins uniques dont se pare chaque individu, les naturalistes et scientifiques s’appuient désormais, pour effectuer les recensements des populations, sur les données collectées par les pièges photographiques Blog Pierre Chéron ainsi que sur le traitement des images par des logiciels d’analyse et de comparaison des rayures, notamment celles présentes sur les flancs des différents spécimens.

Ces motifs spécifiques symbolisent la singularité de chaque individu à travers un ADN qui lui est propre.

Pour une espèce menacée comme le tigre, les informations permettant une identification claire de tous les spécimens sont primordiales pour mieux comprendre les comportements territoriaux des tigres.

Elles complètent efficacement les données collectées via le « monitoring » assuré par la pose de colliers émetteurs sur un petit nombre d’individus.

Parallèlement à la démarche de prélèvements d’échantillons pour analyser l’ADN des tigres, la constitution d’une base de données quasi exhaustive grâce aux rayures doit permettre de conforter les choix stratégiques réalisés par le "Forest Département lors de la préparation des opérations délicates de relocalisation.

En effet, avant d’en arriver à des échanges naturels via la restauration des corridors, le "Forest Department" et le NTCA Blog Pierre Chéron ("National Tiger Conservation Authority") sont entrés dans une étape de rationalisation des transferts, aidés par les scientifiques du "Wildlife Institut of India" et les naturalistes des différentes réserves.

Revivifier le génome appauvri des tigres en créant de bonnes conditions de brassage génétique passe par la connaissance des individus et de leur ascendance. C’est pour cette raison qu’il est intéressant d’archiver les données au fur et à mesure et d’établir des « arbres généalogiques » lorsque cela est possible.

Les rayures pour aider à identifier la paternité d’une portée ?

De manière plus triviale et ludique, les rayures peuvent servir des desseins quelque peu inattendus.

Ainsi, les naturalistes et autres passionnés des félins observables à l’état naturel sont constamment en quête d’informations sur l’évolution des familles de tigres.

Les rayures constituent alors des indices permettant d’identifier tel ou tel individu observé et de le repérer rapidement. Celles de la tête et plus particulièrement celles situées au dessus des yeux sont facilement distinguables et aucun tigre ne dispose des mêmes motifs que son congénère.

Or, si la maternité des tigres ne laisse guère place au doute dans la mesure où la mère s’occupe de sa progéniture sans interruption pendant presque deux ans, la paternité des portées peut s’avérer quant à elle beaucoup plus compliquée à établir.

En effet, le seul fait qu’une tigresse avec des petits réside sur le territoire d’un tigre male dominant ne signifie pas automatiquement que ce dernier en est le géniteur. Afin de protéger leurs futurs petits Blog Pierre Chéron et pour s’adapter aux réalités des luttes de territoire fratricides opposant les mâles, les tigresses font preuve de pragmatisme et peuvent brouiller les pistes en s’accouplant avec plusieurs d’entre eux…lorsque le dominant finit par chasser les autres de son territoire, il est alors persuadé d’être le père de la portée à naître.

C’est dans ces conditions que l’observation des rayures peut fournir des indications précieuses sur les liens de filiation entre individus bien que ne résultant pas d’une approche scientifique qui présente l’avantage d’être irréfutable.

Ainsi, on constate des similitudes troublantes entre les rayures au dessus de l’œil droit de la « légende » du parc de Kanha, Munna, et celles de son fils Chota Munna (ou Link 7)…difficile de ne pas y voir l’expression d’une transmission génétique comme celle que nous constatons tous les jours dans les traits du visage communs aux membres d’une même famille chez les humain
s.


Bien d’autres exemples ont été observés entre ascendants et descendants partout à travers l’Inde et on peut notamment citer : Umarpani femelle et Umarpani male à Kanha, Noor et Sultan ainsi que les trois filles de sa dernière protée à Ranthambore...

Evidemment il ne s’agit pas d’un constat systématique mais parfois ces similitudes peuvent conduire sur la piste d’un tigre mâle lorsque l’on émet des conjectures quant à la paternité de tel ou tel autre mâle.

C’est le cas actuellement à Ranthambore pour la dernière portée de la tigresse T19 (Krishna) qui régna longtemps sur la région des lacs et qui fut contrainte par une de ses filles à se retirer dans un territoire assez reculé, en « mal » de dominance. Blog Pierre Chéron Il s’agit de la zone 4 du parc où un mâle, T74 (Teddy Bear), est parfois observé à l’instar d’autres prétendants.

Nous sommes en avril 2018 et ça y est les guides et naturalistes du parc ont rendu leur verdict sur l’identité du géniteur des petits de la nouvelle portée de Krishna …il s'agit bien de Teddy Bear (T74), le fils de l'illustre Zaalim (T25) et de la reine trop vite disparue Sundari (T17).



Suite à nos aventures dans le parc de Kanha, nous avons eu l'occasion d'observer un des fils de la tigresse T33 Mahaveer ou Mahabir, identifié sous le code MV2 ou MB2 et âgé de moins de 3 ans. Le mâle dominant de la zone, Umarpani (T30), à la mort de Kingfisher en 2016, ne s'est pas attaqué à la progéniture de Mahaveer en dépit des craintes des observateurs et naturalistes. Cela pouvait laisser penser que les 4 frères (deux males - MV1 & MV2) et sœurs (deux femelles - MV3 & MV4) avaient bien pour père Umarpani bien que Mahaveer ait été vu à plusieurs reprises s'accouplant avec Kingfisher en 2015.
En réalité, il n'en est rien et Kingfisher, assuré désormais de voire ses gènes arpentés fièrement les forêts de sals de Kanha, est bien le géniteur comme en témoignent les rayures dessinant les contours du célèbre oiseau, au dessus des yeux du père et du fils.  



























Dans la réserve de Tadoba Andhra cette fois, c'est la célèbre tigresse Maya qui a légué à un des rejetons de sa dernière portée des dessins en forme "d'éclairs" tandis que les motifs des rayures au dessus des yeux présentent de troublantes ressemblances entre Matkasur et un fils de la portée de Chhoti Tara surnommé Chhota Matkasur. 

Photo de droite © Mihir Mahajan

TADOBA ANHARI TR - photo de droite © Priyadarshan Gajbhiye
Textes et photos Vincent Dabadie
© Blog Pierre Chéron - L335-3 du Code de la propriété intellectuelle

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